Ernest Peulot
“Ernest Peulot naît en 1852 à Montfermeil. Son père, Julien-Antoine (1826-1896), ancien élève de Jean-Baptiste Carbonneau, expose régulièrement au Salon entre 1857 et 1883. Proche de Charles Daubigny, il grave certaines de ses oeuvres. A l'instar de son père, Ernest Peulot exerce le métier d'illustrateur pour la presse d'actualité. Entrée au musée en 1971, la donation Peulot comprend plus de deux cents quatre-vingt dessins, estampes et huiles sur toile, accompagnés de burins, matrices et autres matériels de gravure.
Parmi ces pièces, des dessins à la plume témoignent de l'expérience vécue par l'artiste pendant l'Année Terrible, entre juillet 1870 et septembre 1871. Carnet de croquis à la main, Peulot parcourt la région de Montfermeil et réalise une chronique graphique des événements.
Il se met en scène seul, en famille ou avec des amis, représentant son quotidien. Il braconne, trafique, cohabite avec l'occupant. De façon plus générale, ses dessins évoquent le conflit franco-allemand : le départ des hommes pour leurs régiments, l'exode des civils fuyant la zone des combats, les longues files d'attente devant les magasins, « l'espionite » et la maraude entre les lignes. En revanche, les combats, ou plutôt les escarmouches, sont assez peu présents. Peulot s'attarde plus sur le quotidien du soldat allemand, décrit avec un certain souci du détail. Les uniformes, les casques, les matériels et la topographie des positions sont représentés avec minutie.
L'atmosphère de cet oeuvre, largement autobiographique, oscille constamment entre le dramatique – les difficultés du ravitaillement, les enterrements, les cadavres, mais sans verser dans le pathos, la trivialité – les soucis d’hygiène des soldats, la dérision – la file d'attente devant un « lupanar ».
Le style graphique d'Ernest Peulot est généralement naïf. Sur la première composition, le dessin repris à l'encre fait davantage ressortir la scène principale sur l'arrière-plan. Les personnages, au contour appuyé par l’emploi de l'encre, semblent comme posés sur un décor dont les traits ne sont qu'esquissés. Dans la seconde composition, le dessin, dans des tonalités grises homogènes, semble plus proche de l'esquisse, notamment les personnages à droite. L'emploi de hachures pour indiquer le reflet des vitres, mais aussi pour rendre le volume, atteste que le dessin a peut-être été tracé sur le vif, en quelques instants. Ces styles contribuent à rendre vivantes les scènes. Enfin les légendes sont souvent crues, la formulation directe”.
Texte extrait du site du Domaine de Sceaux cliquez sur l’icone pour en lire l’intégralité.